T H E   S T O O G E S
live in BERLIN, (Germany)
le mardi 29 juin 2004


"We are the stooges and we are here to set the world on fire!" Voila comme un prophète réincarné en iguane christique introduit la chose la plus extraordinaire qu'il m'est été donné d'entendre dans ma (courte) vie.

Berlin, Combia Hall, 20h30 : un jour pluvieux. 2000 personnes se pressent devant les portes. De 15 a 83 ans, tous ont dans les yeux quelques chose d'inhabituel, comme ces gens qui attendent des heures à Rome avant de voir le Pape, de l'entendre dire trois mots tremblants. Ici le Pape en question s'avère être un demi-dieu païen d'une ancienne religion oubliée mais toujours présente dans certains lieu obscur, celle du rock. A l'intérieur une odeur de sueur s'élève comme autant de bâtons d'encens brûlés devant un autel, encore vide, mais ou tout le monde sait qu'une cérémonie inhabituelle va avoir lieu.

La scène est vide, simple, sans fioriture, quelques lumières et des murs d'amplis. Mike Watts, apparaît et prend sa basse SG rouge sang, le culte du dieu païen va commencer, la tension monte; Ron et Scott Asheton s'installent à la guitare et la batterie. La tension monte,... Larsen.... Le coeur de 2000 spectateurs bat comme 2000 marteaux frappent le sol, bruit sourd... silence... silence insupportable.... inquiétant.... tous savent que le dieu païen va surgir mais personne ne sait quand... personne n'ose ouvrir la bouche; larsen !

" LOOOOOOOOOOOVE ",

L'Iguane-Dieu surgit et l'ode rythmique introduit sa prière, "She got a tv eye on me, yeah !" résonne sur les trente mille watts comme une incantation, 4000 pieds martèlent le sol en écho, à chaque frappe de Scott Asheton, 2000 coeurs remplissent nos corps d'adrénaline... La scène est devenu l'autel du chaos indescriptible, plus rien n'existe, ni haut ni bas, ni temps ni espace, tout n'est plus qu'un, tout est chaos... l'iguane survitaminé, bondi sur le mur d'ampli basse, "TAKE IT DOWN, baby!" et d'un coup de griffe le fout par terre, "YEAHHHH" ... la transe est sublime, inutile d'essayer de penser, tout devient incohérent, seul compte l'instant: ici et maintenant !

S'ensuit 1970, prophétie vieille de 30 ans déjà mais toujours aussi vrai, "Oh baby feed my love, all night till i blow away, FEEL ALRIGHT", ces quelques mots suffisent a remplir le public d'énergie nouvelle pour ce qui s'ensuit: la quintessence de la catharsis "Turn this fuckin lights off, turn it off so i can see you !" L'iguane-dieu contemple ses adorateurs transis, " I'm happy to be here tonight, and you know what, tonight... I wanna be YOUR dog!", et avant même d'avoir entamé le premier refrain, la scène s'est remplie de spectateurs dansant en récitant cette litanie apocalyptique. L'iguane Dieu trône, "C'mon up here", lance t'il en arrachant une spectatrice des bras de la sécurité avant de lancé son micro au public pour l'entendre réciter les paroles de cette litanie hurlante... Le chaos, indescriptible chaos; les roadies essayent d'empêcher les danseurs sur scène d'étouffer le Dieu Iguane, mais c'est inutile, un Dieu ne se laisse pas étouffer: Il a le pouvoir, le pouvoir brut : Raw Power !

Silence, hurlements, cris, sueur, fureur, rage et bonheur, "You know sometimes i feel good, sometimes i feel bad, sometimes i feel... DIRT" L'ode au déclin commence, avec sa rythmique bancale et sa ligne de basse inimitable... Les riff de guitare déchirent nos oreilles. Les frères Asheton ne sont pas de bon musiciens, mais ils sont les seuls capables de jouer ça.. "I'm burning inside, I'm the fire of life, and i don’t care !". Les paroles hurlées d'un dieu revenu sur terre pour dire que seul compte ici et maintenant, vide nos corps de leur énergie pour les remplir d'autre chose, quelque chose d'indicible, une rage dionysiaque qu'on ne trouve que dans les rêves ou les trips acidulés les plus lointains... "It was just a dream, play it for me baby.. with love" L'amour voila la clé du message que tous attendent, l'Iguane-Dieu est revenu, accompagné de ses apôtres pour délivrer un message d'amour. Car seul l'amour survit à la mort, et les quelques vers de FUNHOUSE finissent d'expliciter sa prophétie :

"Little baby girly little baby boy Cover me with loving in a bundle of joy Do I care to show you what I'm believing of Do I care to whop you'll with my love".

Le chaos s'achève sur cette image d'un Dieu rampant au milieu d'humains, qui ce jour là ont touchés du doigt quelque chose de plus qu'humain... En sortant du Colombia Hall il ne pleut plus, au loin le soleil se couche. Etrangement les gens se regardent avec quelques chose dans les yeux de différents, comme le ferait les survivants d'un crash d'avion; la même petite flamme du feu sacré dans les yeux.

Ils ont vu leur mort et y ont réchappé, aujourd'hui seulement ils commencent à vivre.

ixtlan@anirae.net

Retour Haut de page | Retour "Road"