Paris-Bercy, le vendredi 12 septembre 2003
Un Mexicain venu avec femme et enfants, qui ont effectué un voyage en avion de douze heures
spécialement pour le concert, me signale que Santana, Devadip-Carlos pour les intimes, est
au meilleur de sa forme. A ce moment, je souhaite vivement que cet homme dise vrai. D'autant
plus que les puristes ne sont pas toujours réjouis lorsque Carlos nous offre des albums plus
accessibles, et laisse un peu de côté ce jazz si chère à son cœur.
Vingt heures quarante cinq minutes, extinction des feux. Peut-être, mais jamais, pendant trois heures durant le feu ne sera éteint. Nous avons assisté à du très grand Santana.
Il nous propose une première partie avec un subtil mélange des deux derniers albums. Que l'on adhère
ou pas à ces dernières œuvres, cette musique nous a donné néanmoins une soirée terriblement festive.
D'ailleurs, beaucoup de personnes apprécient ces deux albums, et pour un artiste c'est bien cela le
principal. Bercy était à guichets fermés, c'est un signe.
Durant cette soirée, plusieurs apparitions d'invités prestigieux ont eu lieu comme Angélique Kidjo
sur "Adouma", Citizen Cope sur "Sideways", ainsi que le percussionniste Idrissa Diop qui a entre
autre collaboré avec Youssou n'Dour. Ce dernier après un solo de djembés, nous à chanté un titre
de sa composition sur l'indifférence et le racisme des peuples. A ce sujet, plusieurs messages
ont été dictés par le maître de cérémonie en personne, comme à son habitude, concernant ses
croyances mystiques et religieuses avec traduction en Français sur écran.
Aucune pose n'aura lieu entre la première et la deuxième partie de cette soirée, qui sera
essentiellement composée d'une immense rétrospective de son parcours musical. Les seules
interludes seront des solos réalisés par les musiciens. Bien évidemment, quelques titres
ont été laissés de côté, comme par exemple l'incontournable "Europa". Cela va sans dire
que le concert aurait duré jusqu'à l'aube si le Santana band avait interprété tous les
titres principaux et historiques du groupe. Nous avons vécu un grand moment d'émotion
lorsque Carlos nous interprète à la guitare sèche, et pour la première fois en concert à ma connaissance, un extrait du concerto
'"d'Aranjuez" de Joaquin Rodrigo suivit en enchaînement de "Victory is won".
A ce moment là, le paradis n'était pas loin.
A noter les performances extraordinaires de Dennis Chambers (batterie), Chester Thompson (claviers), Karl Perazzo (percussions),
Raul Rekow (congas), sans oublier Andy Vargas et Tony Lindsay (voix). Ce dernier s'est même autorisé l'interprétation de "Novus"
avec une aisance remarquable, titre chanté à ce jour par Placido Domingo, excusez du peu. La section de cuivres composée de Bill
Ortiz (trompette) et Jeff Cressman (trombone) ainsi que le bassiste Tom Barney sont eux, restés un peu en retrait, dommage. Autre
fait marquant de la soirée, lorsque Carlos pris les congas pour une introduction en solo, puis joua ensuite de la basse pour remplacer
Tom Barney.
J'attribuerais une mention spéciale pour le caméraman qui se trouvait sur scène. A lui seul, il a réussit à faire passer les émotions
avec une efficacité hors du commun. Il était toujours placé au bon endroit, au bon moment, avec des angles et des prises de vue
extraordinaires. Le son était irréprochable.
Bref, une soirée magnifique que l'on aimerait vivre à chaque fois que l'on se déplace pour voir un artiste. Nous avons assisté à un
véritable spectacle, du grand art.
Monsieur Devadip-Carlos Santana, merci du fond du cœur pour le bonheur que vous nous procurez.
Frank SAELEUVE
(visitez www.santana.com)
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